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Vivre à la campagne en Ouzbékistan : famille nombreuse, peu de besoins
17 août 2007 Hervé Bonnaveira

Une vie simple et heureuse à la soviétique : "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. "



A la suite d’un incident de vélo sur la route, nous avons visité une exploitation familiale dans la campagne ouzbèque.



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Solidarité autour d’une chaîne

Quel soulagement de revoir de l’eau, des arbres et des habitants après le désert peuplé de sable, d’épineux et de chameaux ! De Qongirat à Nukus, l’irrigation a transformé le paysage : partout des canaux débordant en marécages et des champs de coton d’un vrai vert normand, rendus encore plus éclatants par la pureté du ciel. Les paysans saluent notre passage en relevant leur dos courbé. Le vélo est un mode de transport très populaire à la campagne mais les nôtres sans aucun doute attirent la curiosité.

Tout d’un coup, patatras, un maillon cassé, la chaîne qui tombe par terre… Heureusement pas sur nos Asie-cyclettes mais sur l’un des « biclos » couinants qui nous accompagnent de temps en temps sur quelques kilomètres, histoire de nous observer de plus près et de nous interviewer au passage. Après avoir nous-mêmes profité de la solidarité de l’eau dans le désert, nous sommes heureux de pouvoir aider nos camarades cyclistes dans le besoin. “ − C’est toujours pareil avec les vélos chinois, nous expliquent-ils. Ils ne coûtent pas cher mais ne valent rien. Les vélos russes étaient bien plus solides.” Je déballe tout mon arsenal de dépannage : dérive-chaîne, maillon rapide, pince… Cependant nous sommes vite déçus car leur chaîne chinoise est trop large pour mes outils japonais. C’est finalement avec les moyens du bord, c’est-à-dire une vieille ficelle qu’ils parviennent à remorquer Zarine, le cycliste malchanceux.

Celui-ci était sur le chemin du retour après une réparation de fuite de gaz sur le gazoduc, son travail ponctuel. Il semble ravi de nous avoir rencontré et nous propose de partager son repas chez lui, ce que nous acceptons volontiers car il est presque midi. Quelques croisements plus loin, nous nous retrouvons dans le monde de la campagne tel qu’il a pu nous être raconté par nos grands-parents : une maison en terre avec un feu à l’extérieur pour cuisiner, une étable en bois couverte d’un toit de foin qui sèche au soleil, une cabane au fond du jardin où profitent fruits, légumes et céréales.

Quasiment tout est produit sur place. Le pain est cuit dans le four traditionnel. Le lait sert à fabriquer le “fromage” qui s’égoutte dans un sac en toile, mais aussi du beurre fondu conservé dans des bocaux en verre. Le riz provient des champs voisins : ils ramassent gratuitement les restes après le passage des machines. Leur petite récolte de coton est utilisée pour remplir leurs coussins et leurs matelas. Les seuls achats nécessaires sont le sel, la farine, le thé et le sucre. Les femmes nous préparent du plov, le plat national ouzbèk à base de riz, carottes et viande tandis que nous sommes introduits dans la salle des invités où celles-ci ne font que de brèves apparitions pour le service. Goska tente en russe de sonder notre hôte sur les grands problèmes de l’agriculture locale : la sur-irrigation et le gaspillage d’eau, les roseaux et la pullulation des ravageurs, l’emploi massif de pesticides et la pollution… Nous sommes étonnés de son manque de conscience et d’intérêt. Tout juste reconnaît-il un croquis de criquet : “− Ah oui, j’en ai déjà vu !” Il y a de l’eau mais il ne sait pas d’où elle vient. Les plantes poussent mais il ne sait pas pourquoi.

Le repas se termine par l’inévitable "partie" de photos : celles de notre voyage contre celles de sa famille. Il sort les vieux albums en noir et blanc du coffre tout en bas de la pile que nous passons en revue avec émotion depuis les photos de classe sous l’égide bienfaitrice de Lénine, jusqu’aux photos d’armée du frère décédé d’un accident de voiture. Mais il est déjà 17 heures, nous avons toutes les peines du monde à refuser son invitation de rester pour le souper et à nous congédier des autres cousins et cousines qui veulent eux aussi savoir toute l’histoire et réclament encore plus de photos. Sûrement nous aurions pu rester toute une semaine aux petits oignons.

Moralité : moins on en possède et plus on a envie de le partager.






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