English / Spanish - click below

Tourisme “choisi” en Chine
29 septembre 2007 Hervé Bonnaveira

Le grand frère chinois garde un oeil sur vous et vos vacances !



Nos premières expériences de voyageurs occidentaux indépendants dans la province chinoise du Xin Jiang



JPEG - 34.4 ko
Difficile de s’exprimer librement avec le masque “anti-poussière”

“- Pas d’Internet ici pour les étrangers. C’est interdit car c’est une ville frontalière. Je suis désolée !”
Tel a été le résultat de notre enquête auprès de l’agent de police anglophone local, après avoir été refusé au café Internet de Tashkorgan par l’hôtesse qui ne savait dire que :
“- Bu shi ma ! Bu shi ma !...” (non…)
Cette réponse, improbable en Europe, n’est pas aussi surprenante en Chine.

Cela ne fait que 15 jours que nous parcourrons l’Est du pays à vélo mais ce genre d’entraves à nos libertés individuelles a déjà été perceptible à plusieurs reprises.

Déjà, lors de la demande des visas chinois, nous avions été surpris par certaines questions du formulaire :
“- Etes-vous atteint de diarrhées ? Etes-vous séropositif ? Etes-vous journaliste ? Avez-vous des contacts avec les medias internationaux ?...”
Heureusement, nous avions vite été rassurés par la note en bas de page :
“Si vous répondez oui à l’une de ces questions, vous n’êtes pas automatiquement disqualifiés pour l’obtention du visa.”
Parmi les questions pièges, ils auraient pu rajouter :
“ Voyagez-vous à vélo ?”
Ne vous vantez pas d’être venu en pédalant depuis Paris car vous n’êtes pas le genre de touriste de masse et bien canalisable que les autorités recherchent. Manu et Steph, un couple de cyclistes français ont eu cette mauvaise expérience à l’ambassade de Chine à Tashkent. Le préposé aux visas leur a simplement répondu :
“- Non, c’est impossible. Pas de vélos en Chine !”, et il est retourné à ses papiers en les ignorant complètement. Ils ont du revenir une deuxième fois avec des habits différents et sans leurs fidèles montures pour finalement obtenir leurs visas.

Le passage de la frontière est en général plus facile et là encore, tout est relatif. Au poste d’Irkechtam où nous sommes rentrés depuis la Kirghizie, nos vélos ont été acceptés sans difficultés. Tous les voyageurs devaient juste passer devant un détecteur de fièvre et se débarrasser de leur plantes et produits frais. Il n’en est pas de même au Torugart Pass (frontière Nord avec la Kirghizie) ou au Khunjerab Pass (frontière avec le Pakistan) où les routes sont plus ou moins interdites aux vélos qui doivent être embarqués dans des camions ou des bus, un bon moyen de vous faire cracher encore 40 dollars pour vous remercier de votre visite. Les voyageurs motorisés (moto ou voiture personnelle) peuvent obtenir une autorisation spéciale, en passant par une agence de tourisme.

Une fois dans le pays, la pression ne se relâche qu’en apparence. La loi interdit aux locaux d’héberger des étrangers chez eux. Du coup, les contacts sont limités au strict minimum :
“- Binghuan you mei you ? (y a-t-il un hôtel ?). Bu ya la ! (je ne veux pas épicé !)
Sur la route, on vous demandera votre passeport à chaque “check point” et on gardera une trace de votre passage. Il en est de même dans les cafés Internet quand ceux-ci acceptent les étrangers. A Tashkorgan, sans la carte de résident Xin Jiang, impossible de s’asseoir devant un ordinateur. A Kashgar, il faut montrer patte blanche avant d’accéder à la salle des ordinateurs. La souris enfin dans la main, on se sent libre de pouvoir communiquer avec le monde entier. Mais non, nouvelle désillusion, certains sites de voyageurs sont bloqués par le gouvernement, y compris le nôtre. Heureusement, il existe des parades : les débloqueurs comme www.anonymouse.org qui permettent d’ouvrir n’importe quel site Internet (sauf le site de la BBC News qui reste désespérément gelé).

Pour sortir du territoire, les fouilles douanières peuvent être assez poussées. Ne serait-ce que pour un colis postal, Daniel, notre ami en vélo couché a dû en déballer tout le contenu. A l’intérieur se trouvait un CD de photos que les inspecteurs ont demandé à visionner en “échange” de 200$ pour la surcharge de travail. Il a finalement préféré envoyer son colis à Pékin plutôt qu’en Allemagne (donc sans passer la douane), quitte à récupérer son colis plus tard au passage. Une mésaventure similaire s’était produite avec nos cassettes vidéo à la sortie de l’Ouzbékistan, un autre régime très sévère, mais l’officier de police s’était lassé au bout de la deuxième minute de chameau broutant les épineux du désert.

Dans quelques mois, nous repasserons en Chine dans les régions côtières surpeuplées et sans doute plus touristiques. Le tableau aura-t-il changé ? Le grand évènement des J.O. auquel se prépare la Chine va-t-il déclencher une véritable ouverture au tourisme extérieur ?






Vos messages :



Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette